25 Février 2022
Et me voilà agrippée à la main de mon père, dans la cour de récréation de cette petite école aux allures coloniales. Nous marchons en silence vers ma nouvelle classe, dans une nouvelle ville, un nouveau pays, un nouveau continent. L’air est lourd et chargé d’humidité, aux antipodes du climat pyrénéen auquel je suis habituée. La porte s’ouvre, je ne peux plus faire demi-tour. La maîtresse me sourit et annonce à la classe qu’une nouvelle élève est arrivée. Elle se tourne vers moi et me dit avec une voix douce et bienveillante : « tu peux aller t’asseoir à côté de Christina ». Un peu hésitante je suis son geste du regard et découvre une petite fille au visage rieur clairsemé de toutes petites tâches de rousseurs. Ses yeux sont d’un vert presque transparent.
Le soleil qui entre par les naco se reflète sur sa longue chevelure blonde. Je lâche la main de mon père et me dirige vers elle, hypnotisée par le halo de lumière autour d’elle. Car elle ne le sait pas mais à ce moment-là j’ai su que les sirènes existaient vraiment.
C’était il y a 40 ans, nous avions 6 ans et nous faisions notre rentrée en CP dans la cour des grands.
Depuis j’ai la grande chance d’être amie avec une vraie sirène danoise.
30 ans séparent ces deux photos et c’est la seule chose qui a changé.